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Sous-sections
Si l'on admet que cet échec n'est pas forcément inéluctable
(notamment, que les étudiants n'en sont pas les seuls
responsables), on s'aperçoit que le pas que nous avons fait en
direction des étudiants en nous ``adaptant'' à leur évolution
est largement insuffisant : le passage du lycée à l'université
est une plongée dans un bain de formalisme
qui se transforme souvent en noyade !
Nous pensons que la plupart
des étudiants ont la capacité
d'apprendre des mathématiques intéressantes.
Il s'agit d'un postulat qui est loin de faire l'unanimité,
mais remarquons qu'il est bien plus
intéressant que le postulat contraire ; qu'on peut en discuter la
formulation ("la plupart"...?), mais beaucoup d'étudiants ne
réussissent pas à maîtriser les concepts
malgré beaucoup de goût pour
les maths et un investissement personnel constant, et ce gachis
d'énergie devrait nous amener à nous demander s'il n'est pas
possible de les aider à mieux
récolter les fruits de leur travail.
Voici l'énoncé d'un exercice de DEUG2 :
Nous demandons au lecteur d'essayer de le lire avec les yeux d'un
étudiant de première année. Combien d'entre eux,
même remplis de bonne volonté, sont capables
de tirer profit d'un tel énoncé ?
Pour avoir accès au sens de l'exercice, l'étudiant doit
décrypter un
``langage convenu, stéréotypé et sans franchise, commandé par une
orthodoxie'', définition de la langue de bois3...
2.2 Le point de vue du mathématicien
Comment expliquer l'échec des étudiants si on refuse de le
mettre sur le compte d'une incapacité chronique à faire des maths ?
Nous pensons que malgré les efforts d'adaptation, les
mathématiciens ont tendance à oublier que leur point de vue n'est
pas naturel ; or l'enseignement actuel ne s'adresse trop souvent qu'à des
étudiants qui auraient adhéré à ce point de vue sans se poser de
questions.
La distance qui sépare l'attitude des étudiants de celle des
mathématiciens apparaît dans les résistances et les
incompréhensions : "est-ce qu'on doit vraiment démontrer ça ?", "il faut vraiment
utiliser la définition de la limite ?", "c'est évident !"...4
Un des buts du DEUG devrait être d'amener les étudiants à rentrer
dans le formalisme, à en comprendre la nécessité et la richesse, à
accepter ses règles contraignantes ; et aussi à comprendre les liens
subtils entre formalisme et intuition, rigueur et imagination
(solfège et musique !),
à savoir passer du plan
intuitif au plan formel
(transformer une idée en preuve) et réciproquement
(lire un cours et se construire une représentation des concepts).
Mais il ne faut surtout pas considérer que les étudiants qui arrivent
à l'université ont déjà franchi ces obstacles5.
Notes
- ... DEUG2
- Il s'agit bien sûr
d'un ``vrai'' énoncé, qui a été donné tel quel aux étudiants.
- ... bois3
- Selon le
dictionnaire de l'Académie Française,
http://www.academie-francaise.fr/dictionnaire/.
- ... !"...4
- Un type
d'activité désarçonne particulièrement les étudiants, celui qui
consiste à "jouer à ne pas savoir" : par exemple, quand on explique
la construction des nombres complexes à des étudiants qui "savent
bien" que les nombres complexes existent, puisqu'ils les ont déjà
rencontrés ! (et qui savent bien que 0x1=0 !!)
- ... obstacles5
- Des réactions
d'enseignants du secondaire au nouveau programme de première S
mettent à jour de manière éloquente l'obstacle constitué par
l'apparente contradiction entre rigueur et intuition :
``La réaffirmation de l'importance
de la rigueur et la démonstration comme principes mathématiques de
base est fortement appréciée mais
apparaît en contradiction avec un recours fréquent à l'intervention de
l'intuition'' (c'est nous qui soulignons, voir
http://www.eduscol.education.fr/D0015/default.htm).
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Vincent Guirardel
2007-03-09