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Sous-sections
Le but est d'obtenir un certain renouvellement du stock d'exercices de
DEUG, dans le sens d'une diversification des activités et des points
de vue. Un des avantages de cet objectif est qu'il est suffisamment
peu ambitieux pour qu'on puisse immédiatement y travailler
concrètement ; ceci est évidemment aussi un de ses défauts. En
particulier, il y a certainement bien des choses à repenser dans le
contenu mathématique du DEUG ; cependant, réfléchir aux
exercices peut éventuellement aider à préparer des changements plus
importants ?
Voici quelques principes pratiques concernant plus particulièrement
les exercices.
En tant qu'enseignant, ceci nous semble indispensable
à la fois pour soi-même, pour les collègues qui liront
l'exercice, et pourquoi pas pour les étudiants. Ceci permet
d'organiser les séances d'exercices selon une certaine
progression, de ne pas oublier de traiter certaines notions,
d'éviter de présenter plusieurs difficultés
nouvelles d'un seul coup, d'évaluer l'enseignement (et pour
l'étudiant, de s'auto-évaluer). Ceci devrait permettre aussi de
travailler sur le ``à quoi on joue'' (voir la partie 3.6), en explicitant certaines
règles du jeu, qui peuvent changer d'un exercice à l'autre.
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Le contenu mathématique
des exercices classiques n'est pas en cause, mais :
- pour y accéder, l'étudiant doit souvent
franchir un barrage de formalisme ;
- les énoncés sont souvent présentés sous forme fermée :
``Montrer que...'' ; il faudrait
introduire partout un minimum d'incertitude.
Si l'on souhaite vraiment que l'étudiant s'approprie
le formalisme, il faut lui proposer des exercices où
c'est à lui de formuler de manière précise certaines
définitions, certains énoncés.
Dans cette optique, voici une reformulation de l'exercice sur les
polynômes de Lagrange (voir la partie 2.1) ;
cet énoncé était prévu pour un
travail en petits groupes, sur une durée importante (plus de deux
heures), en présence d'un professeur.
Bien sûr, on peut imaginer
des formulations intermédiaires entre celle-ci et celle de la
partie 2.1.
Souvent, au début du semestre, on exige des étudiants qu'ils
sachent leur cours en arrivant en TD. Quelle que soit la vigueur qu'on
mette dans cette exigence, on constate qu'au fil des TD elle est de
moins en moins respectée, et on est conduit soit à continuer à
faire comme si les étudiants connaissaient leur cours (et on incite
ainsi les étudiants à faire semblant de comprendre), soit
à réexpliquer rapidement en début de séance
les techniques utiles au TD.
Dans les deux cas, ceci contribue à répandre parmi les étudiants l'idée que le
cours est à la fois incompréhensible et inutile.
Il faudrait sans doute repenser ce rapport entre cours et TD. Pour la
plupart des étudiants, digérer l'abstraction d'un cours de maths
sans l'aide des TD est impossible ; et l'exigence ci-dessus conduit
au mieux (avec beaucoup de bonne volonté) à une mémorisation
stérile. Il serait beaucoup plus intéressant d'admettre cette
impossibilité, et d'inciter les
étudiants à chercher les exercices en lien étroit avec leur
cours, en le consultant le plus souvent possible, les exercices aidant
à le comprendre. Ce point de vue devrait se ressentir sur les
énoncés des exercices.
On peut effectivement demander aux étudiants
d'avoir une certaine connaissance du cours avant le TD, à condition
de se limiter à des objectifs partiels et précis (par exemple en
leur fournissant une liste de questions ``simples'', qui leur donne des
angles d'attaque) ; on pourrait aussi essayer
qu'il y ait une relecture du cours immédiatement après un TD.
Les exercices classiques ont l'avantage de permettre
un enseignement relativement rapide d'outils sophistiqués (voir la
citation de Guy Brousseau dans la note 10, partie 3.4).
Comme toute tentative d'apprentissage plus robuste,
les exercices ``alternatifs'' que nous proposons sont souvent
beaucoup plus coûteux en temps.
Face à la double contrainte horaires légers/programme chargé, ceci
rend difficile le recours fréquent aux exercices non
classiques (et peut susciter l'opposition de certains collègues).
Pour contourner ces contraintes en douceur, une possibilité consiste à
utiliser les modules optionnels du DEUG
(voir par exemple l'expérience du module Culture Mathématique en
DEUG MIAS à Orsay). On peut aussi utiliser les ``Devoirs
à la Maison''16.
Bien entendu, il nous semble également souhaitable de diversifier les exercices
des TD usuels. On peut espérer que la perte en quantité
sera compensée par un gain en qualité ; et la
motivation et l'éclairage apportés par les exercices
``alternatifs'' peuvent rendre
plus efficaces les activités plus techniques.
Si l'on veut vraiment faire passer cette diversification dans les
murs (des enseignants et des étudiants),
il faudra sans doute atteindre une certaine masse critique : si
on se contente de proposer un exercice différent de temps en temps,
il sera juste ressenti comme un exercice bizarre : ``d'ailleurs, il n'y en a pas
dans les annales d'examens''... Ce qui nous amène à une deuxième
condition : tout changement de pratique, pour être adopté, doit avoir
une répercussion d'une manière ou d'une autre sur
l'examen17. Il faudrait
donc introduire explicitement des questions plus ouvertes dans les
énoncés, ce qui nécessite des épreuves plus longues (en temps,
pas en quantité d'exercices). Au passage, cela pourrait contribuer
à diminuer l'importance excessive donnée à la rapidité : notre
but n'est pas de former les étudiants à passer des
concours, et l'université devrait pouvoir affirmer le droit à une
certaine lenteur.
Notes
- ... l'autre.15
- À un niveau plus global, il est ahurissant de constater
que les objectifs des modules d'enseignement sont très rarement
explicités, et jamais expliqués aux enseignants débutants. Par exemple,
le rôle des enseignements utilisant des logiciels de calculs formels
n'est pas éclairci : s'agit-il d'apprendre à maîtriser le
logiciel, ou juste de l'utiliser pour faire les calculs dans les
exercices classiques, ou de l'utiliser pour faire des maths
expérimentales ?
- ... Maison''16
- Les DMs sont souvent massivement boycottés par les
étudiants ; il ne serait donc pas ridicule d'essayer de les rendre
plus motivants.
- ...
l'examen17
- Pour éviter les gros couacs, on peut envisager d'``expérimenter''
sur les épreuves moins importantes : tests, interros...
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Vincent Guirardel
2007-03-09